Evangelia Kranioti Editions Take5« Les marins sont comme des terroristes. Ils arrivent dans un port avec une bombe appelée Amour et la jettent, puis repartent ensuite en brisant les cœurs au nom d’Eros ».

Depuis plusieurs années, Evangelia Kranioti développe une pratique artistique qui mêle documentaire et fiction. Profondément liée à l’anthropolie et à la littérature, l’artiste trouve dans les récits d’anonymes les points de départ de ses œuvres.

Une exploration de l’intime qui, de sa Méditerrannée natale jusqu’aux ports des tropiques, l’a amenée à construire une remarquable cartographie du désir. Le « topos » joue un rôle organique dans ses projets. C’est en immersion sur le terrain, en étudiant le paysage social d’un lieu, sa langue et ses codes, qu’elle rencontre ses sujets. Evangelia Kranioti à travers ces photos révèle l’intensité du désir, qui anime à la fois les marins accostant dans un nouveau port après une longue traversée, et celle des femmes qu’ils soumettent.

Cette photographie intrigante a été prise par l’artiste lors de la réalisation de son cours-métrage Erotica Exotica, qui documente la vie des marins, et engage en même temps une réflexion profonde sur les notions de Liberté, de Temps et d’Amour : Elle raconte l’océan et les ports, lieux de désir où se croisent cargos, container géants, et marins. Sandy, ancienne prostituée chilienne, tisse avec ferveur et poésie le récit de ses amours passées. A l’autre bout du monde, Yorgos, ancien capitaine grec, lui fait écho en méditant sur la vie des marins faite de départs. Par mémoires interposées les deux s’engagent dans un dialogue au-delà des frontières géographiques et temporelles. Embarquée à bord des navires de la marine marchande grecque, l’artiste Evangelia Kranioti a parcouru la Méditerranée jusqu’à la Mer Noire, voyagé de l’Atlantique au Pacifique, du Pôle nord au détroit de Magellan.

Exotica, Erotica, Etc. réalisé lors de douze traversées et dans vingt pays est une déclaration d’amour à ces femmes et hommes oubliés, dont les trajectoires marginales et la solitude sont paradoxalement essentielles à l’existence même de nos sociétés.

Sur le pont disproportionné de ce navire industriel, une belle jeune femme en robe blanche apparaît d’une manière surréelle. Elle est mystérieuse, pensive, et tourne le dos au spectateur.

Elle évoque Sandy, cette prostituée Sud-Américaine, tombée éperdument amoureuse d’un marin, dont l’artiste dresse un portrait très émouvant dans son film.

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