ÉDITIONS COROMANDEL : 1996-2003
Céline Fribourg a co-fondé puis co-dirigé les éditions Coromandel de 1995 à 2000
CITIZEN SIDEL 1996
Photographies de William Klein (6 tirages argentiques signés) Texte en français de Jerome Charyn(traduit en anglais par Marc Chenetier)
Boîtier en tissu noir avec un collage géométrique de carton ondulé créé par Marielle Zarraluqui,
Graphisme Olivier Andreotti et Pénélope Monnet
30,5 x 40 x 3,5 cm
Édition de 80 exemplaires
Les éditeurs avaient pensé associer les deux Américains William Klein et Jerome Charyn car ils avaient des destins parallèles. L’un et l’autre, New-Yorkais expatriés à Paris, avaient reçu dans leur pays d’accueil une notoriété que leur ville natale leur refusait. Il s’est avéré qe les deux artistes se connaissaient depuis de longues années et avaient ébauché une collaboration – l’adaptation cinématographique parWilliam Klein d’un roman de Jerome Charyn – avant d’abandonner le projet faute de financement. Cette admiration mutuelle a permis de leur confier la conception éditoriale du livre ainsi que le choix du texte et des images. William Klein a mis à disposition une soixantaine de photos, prises en 1966 à NewYork, parmi lesquelles Jerome Charyn a choisi les six photographies qui l’inspiraient le plus. Il a écrit une nouvelle d’où « sourd une vapeur », selon ses propres mots, en écho aux images de Klein. L’ex-inspecteur Isaac Sidel, personnage emblématique de l’écrivain, devenu maire de New York, y est en route pour la vice-présidence. La conception graphique de l’ouvrage a été supervisée par William Klein et s’inspire largement de ses travaux picturaux des années 50.
BATEKE 1996
Photographies de Graciela Iturbide(4 tirages argentiques signés contrecollés sur papier d’édition)
Poèmes en français d’Aimé Césaire et d’Édouard Glissant, traduits en espagnol pour le livre par Alvaro Mutis
Graphisme Andrés Mengs Boîtier en lin naturel
38,5 x 29,5 x 2 cm - 40 exemplaires
C’est l’écrivain colombien Alvaro Mutis qui a rapproché deux extrémités du bassin Caraïbe, le Mexique et les Antilles françaises. Une traduction de textes écrits par les deux « chantres de la négritude » Aimé Césaire et Edouard Glissant lui avait été commandée par Octavio Paz dans les années 60, à l’attention d’une revue littéraire mexicaine. Les éditeurs ont proposé ces textes à la photographe mexicaine Graciela Iturbide, qui a trouvé chez ces auteurs un écho aux thèmes qui lui sont chers. Cette dernière a organisé, pour les illustrer, plusieurs séances de prises de vue.
TOKYO 1996
Photographies de Nicolas Bouvier(6 tirages argentiques signés contrecollés sur papier d’édition)
Texte écrit en français de William Cliff
(traduit en japonais par Yoshida Kanako)
Boîtier réalisé par Manuel Camargo, à partir de plaques de zinc provenant des toits de Paris, et reproduisant en sérigraphie deux photographies de Nicolas Bouvier
Graphisme Jérôme Le Scanff
33,5 x 26 x 2 cm - 40 exemplaires
Les éditeurs avaient contacté Nicolas Bouvier dans l’espoir qu’il leur donne un texte sur l’Inde. En lui rendant visite dans son atelier genevois, ils ont découvert avec émerveillement des images prises lors de deux séjours au Japon dans les années 50 et 60. William Cliff, poète belge vagabond, a écrit pour faire écho à ces photos une douzaine de dizains en vers libres relatant un récent voyage à Tokyo. Contre toute attente, les deux artistes ne se connaissaient pas. Nicolas Bouvier est décédé peu de temps après la parution du livre, en février 1998. Le boîtier a été fabriqué avec des plaques de zinc provenant des toitures d’immeubles parisiens. Sur chacune des faces du boîtier a été sérigraphiée une photographie de Nicolas Bouvier, celle du recto symbolisant le Japon traditionnel et celle du verso le Japon moderne. Les poèmes de William Cliff ont été traduits en japonais, pour permettre la lecture du texte en japonais mais aussi pour rendre hommage à la beauté plastique des caractères nippons.
MUES IMMOBILES 1997
Photographies de Francisco Toledo(4 tirages argentiques signés contrecollés sur papier d’édition)
Texte en français de Raphaël Confiant
(traduit en espagnol par Alain-Paul Maillard)
Boîtier en tissu teinté avec des cochenilles par Nancy Madrigal,
dont douze exemplaires enrichis de plaques de céramique de Gustavo Perez, incrustées dans l’étui
Graphisme Olivier Andreotti et Pénélope Monnet
40 x 30 x 4 cm - 55 exemplaires
L’originalité de l’œuvre de l’artiste mexicain Francisco Toledo tient autant à la multiplicité des influences qui la nourrissent qu’à la variété des supports employés et à la liberté avec laquelle ils sont utilisés. Ses rares autoportraits photographiques ont fait forte impression sur l’écrivain martiniquais Raphaël Confiant : ils lui ont inspiré quatre poèmes en prose qui mêlent l’humain et l’animal, et se nourrissent de légendes amérindiennes. La couverture et les têtes de chapitre sont illustrées par des vignettes dessinées par l’artiste et imprimées. Le tissu employé pour l’entoilage de la chemise est teinté à la cochenille, un insecte parasite du cactus nopal, selon une méthode précolombienne tombée en désuétude et pratiquée aujourd’hui seulement par une poignée d’artisans mexicains.
THE COINCIDENCE OF THE ARTS 1998
Photographies de Mario Testino(7 tirages signés, dont 3 tirages argentiques et quatre c-prints)
Texte en anglais de Martin Amis Boîtier créé par Ron Arad en métal noirci dans lequel sont encastrées trois loupes de différentes tailles
Graphisme Jérôme Le Scanff
34 x 34 x 5 cm - 60 exemplaires
The Coincidence of the Arts est un livre dédié à Londres, ville d’origine de l’écrivain Martin Amis, ville d’adoption du photographe d’origine péruvienne Mario Testino et du designer israélien Ron Arad. Ces deux derniers avaient d’ailleurs, comme l’apprirent les éditeurs lors de la conception du livre, cohabité dans un grand loft occupé par des artistes au tout début des années 1980. C’est pourtant à New York que se déroule le texte et que Mario Testino réalisa la série d’images qui figurent dans ce projet. Après un casting «sauvage» dans les rues de l’East Village, le photographe de mode invita une douzaine de jeunes gens dans un appartement prêté pour l’occasion et immortalisa cette soirée qui virait à la partie fine. Le boîtier, imaginé par Ron Arad, tente avec humour de cacher les formes plantureuses d’une jeune femme largement dénudée. Le coffret d’acier noirci est percé de trois lentilles/loupes qui évoquent l’objectif d’un appareil photographique.
My Mother’s Killer 1998
Photographies de David Levinthal(6 cibachromes signés et 1 tirage unique rehaussé
à l’encre pour le tirage de tête)
Texte en anglais de James Ellroy
Graphisme Olivier Andreotti et Pénélope Monnet
Boîtier en carton imprimé fermé par un mikado
33 x 31 x 2,7 cm - 55 exemplaires
L’écriture de James Ellroy représente un type de littérature, le roman policier, que les éditeurs souhaitaient introduire dans le livre illustré. L’écrivain proposa aux éditions Coromandel, lors de l’un de ses séjours parisiens, la première publication en français d’un long texte qu’il avait consacré à l’assassinat de sa mère et publié dans la revue américaine GQ. Ce texte, se situant dans le Los Angeles des années 50, évoqua immédiatement aux éditeurs les polaroids du photographe américain David Levinthal. Ce dernier recrée, par l’intermédiaire de petites figurines, certaines scènes de l’Amérique fantasmée d’Eisenhower : scènes de couples se formant ou se quittant, dinners désertés, rondes policières.
Pour le livre, il choisit parmi ses travaux alors récents six images inédites, qui ne sont pas sans évoquer l’atmosphère mystérieuse des tableaux d’Edward Hopper : trois photographies dans des tons de rouge, et trois images bleutées prises au travers d’un écran de télévision.
La couverture du livre s’inspire des affiches de films de série B des années 50, de leurs couleurs et leurs accroches tapageuses. D’une erreur de l’imprimeur, qui intervertit les couleurs, résulte qu’il existe deux états de la page de titre, bleu sur fond rouge et rouge sur fond bleu. Quelques rares exemplaires intègrent ces deux versions ainsi qu’une photographie originale rehaussé à l’encre par l’artiste. Le rabat de la couverture est maintenu fermé par un bâton de mikado.
Five Hours to Simla 1998
Photographs by Mary Ellen Mark(4 signed silver prints)
Text in English by Anita Desaï
(translated into Hindi by S. Joshi)
Part of the edition with a tray case designed by Ettore Sottsass,
in elm wood closed by Indian cotton cords
Graphic design by Jacques Le Scanff
16 x 16 x 0.7 inches - An edition of 55 copies
Les éditeurs souhaitaient, depuis la création des éditions Coromandel, publier un livre en hommage à l’Inde, dont l’une de ses bandes côtières, la côte de Coromandel, avait donné son nom à leur maison d’édition.
L’écrivain indienne Anita Desaï confia aux éditeurs un texte relatant un voyage en famille vers Simla, petite ville des contreforts himalayens où la bourgeoisie de Delhi passe parfois la saison chaude. La photographe américaine Mary Ellen Mark, qui avait voyagé à de nombreuses reprises en Inde, où elle avait pris les images de son célèbre livre Falkland Road, accola à cette nouvelle intitulée Five hours to Simla quatre photographies inédites prises dans les années 80. Ces tirages ont été développés à la main avec le plus grand soin.
De courts extraits du texte ont été traduits de l’anglais en ancien hindi et encadrent le texte comme des frises décoratives aux tons de safran.
La conception du boîtier du livre a été confiée au designer italien Ettore Sottsass. Ce grand connaisseur de l’Inde avait dédié à ce pays une collection de meubles dans les années 80, qu’il avait appelée Bharat. Fabriqué par l’atelier Mourmans à Maastricht, le boîtier est constitué d’une armature en acajou recouverte d’un placage de loupe d’orme, et fermé par des cordelettes en cotonnade indienne.
L’Ensoleillement des Solitudes 1999
Photographies de Christer Strömholm(6 tirages argentiques signés)
Texte en français d’Yves Martin
Graphisme Olivier Andreotti et Pénélope Monnet
35 x 35 x 3,5 cm - 50 exemplaires
Christer Strömholm, l’auteur du livre mythique Place Blanche, est le photographe le plus âgé avec lequel les éditions Coromandel ont travaillé. Aussi a-t-il été difficile de lui commander des images inédites. Les éditeurs ont préféré choisir, parmi ses photographies les plus célèbres, un ensemble qui puisse nourrir l’inspiration du poète Yves Martin.
L’un et l’autre avaient vécu à Pigalle dans les années 50, et avaient tiré le meilleur de leurs oeuvres de l’atmosphère de ce quartier de Paris. Dans le livre sont donc évoqués le monde de la nuit, de la prostitution, des travestis et des peep-shows. L’esthétique irréprochable et troublante des images, prises dans les années 50 et 60 par Christer Strömholm, contraste avec la noirceur du sujet et préfigure les travaux de nombreux photographes contemporains comme ceux de Nan Goldin.
Yves Martin s’est éteint quelques semaines après la parution du livre, et Christer Strömholm en 2002.
Flowers 1999
Photographies de Vik Muniz(6 tirages argentiques signés, un 7e tirage
inclus dans les 15 exemplaires de tête)
Texte écrit en anglais par Lynne Tillman
(traduit en français par François Boisivon)
Graphisme Olivier Andreotti et Pénélope Monnet
Chemise en carton fermée par deux cordelettes
33 x 28 x 2 cm - 50 exemplaires
L’artiste brésilien Vik Muniz collectionne les fleurs artificielles depuis de nombreuses années, et en a même confectionné à base de papier. Il a réalisé une série d’images évoquant les herbiers du xviiie siècle, période durant laquelle la botanique amateur devint un divertissement aussi futile qu’aristocratique. Le lecteur a d’abord l’impression, en regardant ses photographies, de contempler l’un de ces herbiers classiques et ordonnés.
Pourtant, en les observant plus attentivement, ce dernier peut facilement déceler le reflet d’un morceau de plastique ou la texture du papier, et se trouve tout à coup décontenancé. Cette mise en abîme de notre faculté de perception, au centre de l’oeuvre de Vik Muniz, inspira à l’écrivain et critique d’art américaine Lynne Tillman un long poème énumératif plein d’ironie et de tendresse.
Les photographies ont été enrichies durant leur tirage de teintes sépia et dorées, afin d’accentuer leur ressemblance avec les gravures anciennes.
La typographie est une réinterprétation post-moderne des lettrines tarabiscotées du xviiie siècle, et le livre est présenté dans une chemise inspirée des anciens cahiers d’écoliers.
Mexico 1999
Photographies de Pablo Ortiz Monasterio(7 tirages argentiques signés, et 1 collage
photographique unique rehaussé à l’encre)
Poèmes en français de William Cliff
Graphisme Olivier Andreotti et Pénélope Monnet
Boîtier en carton orange et noir
25 x 36 x 2 cm - 35 exemplaires
Au retour d’une série de conférences au Mexique, l’auteur belge William Cliff a confié aux éditeurs une douzaine de poèmes retraçant ses impressions à chaud sur Mexico. Il y exprimait le quotidien des déclassés de cette ville, qui a tout de suite évoqué aux éditeurs les images sombres du photographe mexicain Pablo Ortiz Monasterio, auteur de La Ultima Ciudad, l’un des plus impressionnants livres de reportage urbain de ces dernières années..
Le photographe a sélectionné sept images pour accompagner les dizains du poète belge, et réalisé un photomontage spécialement pour le livre.
Surface 2000
Photographies de James Casebere(6 tirages fugiflex signés, montés sur cintra et laminés)
Texte en français de Mohamed Dib
(traduit en anglais)
Graphisme Arthur Ceria et Steven Learner
Texte imprimé au laser par Patrick Nash
sur des feuilles de plastique transparent
Boîtier en plexiglas transparent, sablé et
vert d’eau, servant aussi de lutrin
54 x 36, 5 x 5 cm - 60 exemplaires
Très intéressé par les théories de Michel Foucault et par l’architecture, le photographe américain James Casebere construit dans son studio des maquettes de villes troglodytes ou fantômes, de bâtiments inondés ou abandonnés, qu’il photographie ensuite de façon métaphysique. Nous avons apparié six de ces images avec un court texte de l’écrivain algérien Mohammed Dib, qui décrit la destruction d’une ville et les efforts de quelques survivants pour y recréer une société souterraine.
Le livre comprend des images indépendantes, de taille variées et contrecollées sur cintra.
Le texte a été gravé au laser sur de fines feuilles de plexiglas transparent, qui laissent transparaître de manière très fluide les images qu’elles recouvrent au fil des pages. L’ombre des lettres se dessine sur l’image et permet la lecture du texte. Lorsque l’on superpose toutes ces pages transparentes, le texte apparaît d’un seul bloc. Le livre repose dans un lourd boîtier, composé de trois différentes sortes de plexiglas, sablé, translucide et bleuté, qui sert également de lutrin. La première photographie apparaît en transparence à travers le couvercle.
Still Life 2000
Photographies de Kiki Smith(24 C-prints signés)
Texte écrit en anglais par Lynne Tillman
(traduit en français)
Boîtier (pour le tirage de tête)
créé par Ronan et Erwan Bouroullec :
petit caisson en résine vert mousse fermé par une pince
en métal découpée au laser
Graphisme Olivier Andreotti et Pénélope Monnet
17 x 18, 5 x 7 cm - 60 exemplaires
Amies depuis le début des années 1980, l’artiste américaine Kiki Smith et sa compatriote écrivain et critique d’art Lynne Tillman avaient publié deux livres en collaboration.
Les éditeurs ont souhaité, pour ce livre, leur laisser carte blanche. Lynne Tillman a choisi, dans l’oeuvre photographique de Kiki Smith, vingt-quatre images pour répondre, comme dans un « livre d’heures » à sa courte nouvelle poétique formée de vingt-quatre phrases. Les images mêlent le quotidien et l’intimité de l’artiste, ses animaux familiers, sa maison et ses sculptures.
La dimension des photographies est celle des albums de famille, ce qui accentue le caractère intime de l’ouvrage. Le boîtier, conçu par les frères Bouroullec, est formé d’un caisson en résine verte fermé par une pince en métal ouvragé.
Monologue d’une Ombre 2002
Photographies de Miguel Rio Branco(8 tirages ilfochrome signés)
Texte en portugais de Augusto dos Anjos
(traduit en français par Didier Lamaison)
Graphisme Olivier Andreotti et Pénélope Monnet
Boîtier de Michele de Lucchi,
composé de plaques de verre encerclées de métal
Diamètre 36 cm, profondeur 4 cm
14,2 x 1, 6 cm - 60 exemplaires
Dérogeant exceptionnellement à la règle qu’ils s’étaient fixée d’éditer uniquement les textes d’écrivains toujours vivants, les éditeurs ont publié dans ce livre un texte d’Augusto Dos Anjos, le grand poète brésilien parnassien mort en 1914 à l’âge de trente ans. Ce long poème obscur et symboliste hantait en effet depuis de nombreuses années le photographe brésilien Miguel Rio Branco. Ce dernier a choisi pour l’illustrer huit photographies – un pare-brise éclaté, la dépouille d’un cheval, une portion de mur décati – qui, bien que tendant vers l’abstraction, évoquent la violence et la destruction.
Le livre est présenté dans un boîtier sculptural de Michele de Lucchi. Le cercle d’acier évidé, dans lequel sont enserrées les pages du livre entre deux plaques de verre, sert de cadre aux photographies.
City People 1999
Photographies de Seton Smith(8 cibachromes signés)
Texte en anglais de Lydia Davis
Graphisme Olivier Andreotti et Pénélope Monnet
41,6 x 31 x 3 cm - 50 exemplaires
Lydia Davis, l’une des nouvellistes les plus célébrées de notre époque et pilier du New Yorker, a envoyé aux éditeurs une dizaine de textes courts, parmi lesquels la photographe américaine Seton Smith a sélectionné cinq nouvelles, qu’elle a apparié avec ses images d’une cour d’immeuble de l’East Village prises lors d’un de ses récents séjours à New York. Installée à Paris, Seton Smith, la soeur cadette de Kiki Smith, est reconnue pour ses photographies à l’atmosphère irréelle et onirique.