
LIBRARY OF ABSENCE
Livre d’artistes publié en 2023, par les éditions Take5 (Genève).sous la direction éditoriale de Céline Fribourg.
Edition de trente exemplaires signés par les artistes.
Sculpture créée par Conrad Shawcross pour le livre :
Valise en aluminium anodisé, abritant un dispositif de projection tournant
rétroéclairé par des diodes lumineuses, et soixante-quatre disques en carton de différentes couleurs.
Chaque disque représente par ses perforations l’un des principaux motifs des recherche géométrique de l'artiste.
Textes inédits (édités par David Frankel et Amie Corry) :
Expanded Visions : Introduction à l’histoire et à la symbolique du jeu d’échecs,
par Céline Fribourg.
Expanding visions : Interview de Vladimir Kramnik
Graphisme Aurèle Sack, avec la police LL Brown
Cahier de textes (25x25cm) imprimé sur les papiers Fedrigoni Sirio Noir 170 g,
et Fedrigoni Woodstock Grigio 170 g.
Dos carré cousu, emboité dans couverture Bodonienne en pallisandre de santos,
recouverte d’un damier noir et blanc imprimé en sérigraphie.
Photographie originale signée par Aleph Uteza Lysimaque, imprimée sur papier Hahnemühle Photo Rag 310 g.

Dans le livre Library of Absence, nous questionnons l'idée d'expansion à l'aide de la géométrie, de motifs et de rythme. L'infini hante les hommes depuis qu'ils ont levé le regard vers un ciel bleu ou une nuit étoilée. À l’échelle de l’univers, l’être humain est minuscule, mais il est conscient de ses limites et capable de les conceptualiser.
La géométrie imprègne notre monde : On le voit dans la nature, que ce soit à travers les fractals ou les séries infinies, qui jalonnent sa construction. Par conséquent, pour comprendre la réalité, nous avons besoin d'exprimer une vérité de manière abstraite. Les mathématiques sont par un outil idéal pour modéliser l'infini.

En découvrant ce livre, qui pourrait être considéré comme un hommage aux rotoreliefs de Marcel Duchamp tout comme à l’art optique, on peut se demander quel est le lien entre l'œuvre de Conrad Shawcross- une sorte de lanterne magique qui projette une infinité de motifs sur les murs- et un jeu d'échecs.
En contemplant le livre, sorte de lanterne magique projetant une infinité de constellations d’ombres sur le mur, on peut se demander quelle est la nature du lien entre le champion du monde des échecs Vladimir Kramnik et l’artiste britannique Conrad Shawcross ? L’un comme l’autre crée des mondes au sein de notre monde, et nous invitent à élargir notre vision.
Jouer aux échecs est en effet une façon d'appréhender l'infini : Alors même que l’échiquier ne comprend que 64 cases, il y aurait encore plus de variantes possibles dans une partie d'échecs qu'il y a d'atomes dans l'univers observable. En raison de cette complexité, jouer une nouvelle partie d'échecs revient à ouvrir une boîte de Pandore, naviguer dans un univers nouveau, par la simple puissance de l’intelligence humaine.
Les échecs permettent en effet d’élaborer une arborescence de combinaisons possibles qui se complexifie au fil de la partie. Chaque configuration de jeu offre une succession différente de motifs. La reconnaissance de ces modèles géométriques est au cœur de l'effort des sciences cognitives.

Les configurations géométriques sont également au cœur de l’œuvre Patterns of Absence de Conrad Shawcross. L’artiste utilise la géométrie et la perspective pour questionner et redéfinir l’espace. Grâce à sa compréhension aiguë de la géométrie, de la ligne et du vide, Conrad Shawcross a réussi à créer pour le livre Library of Absence un dispositif qui, comme un jeu d'échecs, ouvre l'espace et le mystifie en projetant une casi-infinité de configurations de motifs lumineux apériodiques sur nos murs.

L’artiste a imaginé un système de projection complexe, constitué d’un moteur, d’une source lumineuse et d’un axe sur lequel tournent en sens inverse deux disques en carton perforé. Leur contre-rotation incrémentale permet à la lumière de pénétrer à travers les découpes de leurs surfaces. Semblables à des vitraux, ces disques sont activés par la lumière qui les traverse.
Les tableaux lumineux créés par la lumière qui traverse ces motifs superposés et changeant créent une expérience immersive et méditative. Ils évoquent la lumière changeante sur la mer, le mouvement de torsion d'un vortex ou un envol d'étourneaux dans le soleil.

Pour citer le grand maître d'échecs Jonathan Rowson (Jonathan Rowson, The Moves that Matter, A Chess Grandmaster on the Game of Life, Bloomsbury Publishing, 2019):
« Nous sommes entourés par des constellations de motifs qui façonnent notre paysage symbolique commun, et les échecs permettent d’appréhender ces modèles. (...) Ces motifs constituent la matrice d’un tamis qui nous permet de donner un sens à l’univers qui nous entoure. ».



