Editions Take5 Annette MessagerAnnette Messager est une artiste française née en 1943 à Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais). Son oeuvre mêle peinture, broderie, sculpture, assemblage, collage et écriture.

Après avoir interrompu ses études aux Arts décoratifs de Paris à la veille de mai 68, Annette Messager réunit ses premières Collections, albums de photographies et de phrases extraites de la presse qu’elle annote et modifie.

Depuis le début des années 1970, au coeur de la « scène parisienne » composée de Christian Boltanski, Sarkis, Paul-Armand Gette… artistes plutôt masculins, (hormis Gina Pane), mettant en scène leurs « mythologies individuelles », Annette Messager s’invente autant de vies qu’elle souhaite de titres, chacune lui permettant d’être autre et de créer différents projets artistiques. Elle inventorie pour chacune de ces « Annettes » un répertoire de gestes et de pratiques, d’attitudes et de sujets, révélant tout à la fois l’univers féminin, son code génétique et les possibles pour s’en échapper, ses désirs enfouis. La galerie Germain lui commande en 1971-1972 une oeuvre avec de la laine et du tissu : Messager crée Les Pensionnaires, alignement de moineaux empaillés et emmaillotés dans des tricots recouverts de tissu.

Dès Le Repos du Pensionnaire, elle ironise sur la condition féminine. Ainsi, en 1974, sa collection de proverbes est largement inspirée d’anthologie de clichés attribués à la femme.

Les broderies sur coton blanc forment une compilation de phrases misogynes. Ses albums photos (Les hommes que j’aime, ou Mes jalousies), ses oeuvres, (Faire Parade, 1995 ou Sous vent, 2004) évoquent des préoccupations féminines. Plutôt que de revendiquer le droit de juger les autres, c’est son propre droit à s’inventer qu’elle questionne. Elle contemple et exploite son désir de devenir et d’apparaître comme une donnée culturelle, sexuelle, existentielle, partagée entre l’envie de se « fabriquer » et les contraintes et les impératifs sociaux à travers les étapes incontournables de toute vie de femme. Telle une entomologiste, elle dissèque nos habitudes culturelles, interrogeant la situation de la femme mais aussi la violence de l’enfance ou celle, plus universelle, subie par les êtres dans le monde contemporain. L’artiste entame alors une création continue, qu’elle expose à Munich en 1973 puis au musée d’Art moderne de la ville de Paris en 1974. Ses travaux se structurent progressivement et sont exposés à travers le monde, avec deux grandes expositions aux États-Unis, au Los Angeles County Museum of Art et au MoMA de New York (1995), suivies par des expositions à Buenos Aires et au musée Reina Sofia de Madrid (1999). Elle participe également à de nombreuses biennales (Biennale de Paris (1977), Documenta VI (1977) et XI (2002), Biennales de Sydney (1979, 1984, and 1990), de Venise (1980, 2003, and 2005), et Biennale de Lyon (2000)). Elle reçoit en 2005 le Lion d’or de la 51e Biennale de Venise pour son oeuvre Casino.

En France, son travail fait l’objet d’expositions importantes, au Musée d’art moderne de la ville de Paris en 2004, au Centre Pompidou à Paris en 2007, au musée d’Art contemporain de Strasbourg en 2012. L’artiste a enseigné à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris.

Elle dit de son travail : « L’art conceptuel m’intéresse autant que l’art des fous, l’astrologie et l’art religieux. Ce ne sont pas leurs idéologies qui m’attirent mais par-dessus tout, leurs répertoires de formes. Je me moque de la sorcellerie et de l’alchimie quand bien même j’en utilise les signes. »

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